750 grammes
Tous nos blogs cuisine Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
OENOVINO
28 août 2014

L'âge d'or du vin

bon vin

Pratiques et représentations du vin au XIXe siècle

Le vin est depuis toujours une composante de la civilisation méditerranéenne et européenne. Elément de l’alimentation, fait culturel, religieux ou mythologique, il est associé à de nombreuses pratiques et représentations. La consommation de vins est courante en France depuis le moyen-âge, mais c’est au XVIIIe siècle que la viticulture française commence à se structurer et à se développer. Le XIXe siècle est considéré comme « l’âge d’or du vin », marqué par l’élaboration de techniques nouvelles, la progression constante et importante de la production et de la consommation, ainsi que par l’amélioration de la qualité, du stockage du commerce et de la distribution. Le vin devient alors plus que jamais un enjeu économique mais aussi une question culturelle, idéologique, politique, sanitaire, sociale et morale. 

Parallèlement, les représentations de ce que l’on pourrait appeler « la pratique du vin » se multiplient, aussi diverses que les usages de la boisson et que les avis qu’elle suscite. Le XIXe siècle voit bien se développer de mauvaises « images » du vin, notamment en termes de conséquences sociales (le vin mauvais de l’alcoolique qui lui fait rater sa vie et l’empêche de travailler) et médicales (en lien avec les progrès de cette science et la naissance de la diététique). Mais c’est bien le vin comme art de vivre et de bien vivre qui domine largement l’imaginaire et les consciences. A la suite de la tradition rabelaisienne, le breuvage est associé aux arts, à la fête et à l’amitié, à la gastronomie (plus ou moins fine) et à la gourmandise qui n’est plus vraiment un péché.

l'alcool tue

Les mauvaises images

Depuis 1873, année de promulgation des « lois Théophile Roussel » réprimant l’ivresse publique, les représentants des ligues de tempérance réclament une action énergique du gouvernement en matière de lutte contre l’alcoolisme. En 1895, ils obtiennent de Raymond Poincaré, alors ministre de l’Instruction publique, qu’un enseignement sur les dangers de l’alcool « au point de vue de l’hygiène, de la morale, de l’économie sociale et politique » occupe une place officielle au programme, au même titre que le français et les mathématiques. Des médecins viennent sensibiliser les instituteurs et les normaliens, et introduisent dans les classes tout un matériel antialcoolique allant des affiches aux tableaux muraux en passant par les buvards, les bons points et les manuels de lecture courante.

Ce tableau mural, évoqué par Marcel Pagnol dans La Gloire de mon père, a été conçu par le docteur Galtier-Boissière. Fondé sur une pédagogie de la peur, il présente le même homme avant et après les ravages de l’alcoolisme. Il compare aussi les organes sains aux viscères abîmés par l’alcool, laissant supposer que l’« ivrogne » ne saurait guérir.

Tant qu’il est sobre, le personnage est correctement vêtu. Sa moustache est lissée, et ses cheveux soigneusement peignés ; ses entrailles comme son cerveau ont bel aspect. Devenu intempérant, l’homme se néglige. Il a laissé pousser sa barbe, et ses cheveux, plus rares, ne sont pas coiffés. Des rides profondes sillonnent son visage. Il ne porte plus de cravate, le col de sa chemise est ouvert. À l’intérieur c’est pire : l’estomac s’est ulcéré, une dégénérescence graisseuse a affecté le cœur et les reins, le buveur est victime d’une méningite. 

Cependant, comme en témoigne cette planche, qui oppose également, sur les bords du cadre, bonnes « boissons naturelles » et mauvais « alcools industriels », pour les médecins de l’époque, tous les breuvages ne sont pas nocifs. Le vin, la bière, le cidre et le poiré, obtenus par fermentation, ne rendent malades ni l’humain ni la souris cobaye. En revanche, l’alcool de grain, de betterave ou de pomme de terre tue rapidement le buveur comme le rongeur.

Cette distinction, infondée scientifiquement, entre boissons hygiéniques et alcools industriels perdurera durant encore un demi-siècle. Jusqu’aux années 1950, seules les boissons distillées sont déconseillées. Le corps médical français continue de croire, comme le docteur Galtier-Boissière, que les boissons fermentées sont hygiéniques et qu’on peut en encourager la consommation à raison d’un litre par jour. Le vin reste considéré comme un médicament et un reconstituant. Des buvards publicitaires, distribués dans les écoles, indiquent toujours qu’un litre de vin à 12 degrés équivaut à 850 grammes de lait, 370 grammes de pain, 585 grammes de viande ou cinq œufs. 

Seuls quelques membres de ligues antialcooliques écrivent régulièrement dans la presse que « les buveurs de pinard sont aussi des alcooliques ».

Comme l’indique la présence de ce tableau dans les salles de classe, l’école est, durant la première moitié du XXe siècle, le principal lieu de prévention de l’alcoolisme. Sous la IIIe République, les responsables de l’Instruction publique sont convaincus que c’est en apprenant la sobriété et la tempérance à la jeunesse qu’ils réussiront à atteindre les parents pour modifier leur comportement.

 

 

l'horloge

Le vin, signe et symbole de la Nation Française

Autour d'une table dressée dehors entre deux arbres, des Français de toutes conditions et de toutes fonctions, symbolisées par leurs vêtements, trinquent et boivent du vin rouge (une bouteille sur la table, une caisse de bouteilles vides posée sur le sol, et une bouteille renversée par terre). Des militaires de corps et de grades différents, deux hommes du peuple, un homme plus aisé et un intellectuel plus urbain (chapeau et lunettes) composent cette assemblée où les couleurs bleu, blanc et rouge dominent (vêtements, coq, vin). Au second plan, on aperçoit un village et son clocher, image typique de la France. Sur les côtés, deux légendes disposées de manière inversée : « A l'union des français  » et « A l'union des peuples  ». En bas « Buvons au bonheur de la France  ». Datant de la période 1835-1840,  l'horloge du crédit est une gravure d’un thème populaire, destinée à être affichée dans les cabarets. Dans la représentation, le patron montre une horloge, « l’horloge du crédit » et en sous-titre de la gravure, on peut lire «  quand le coq chantera, crédit on fera »... or à ce moment-là l’établissement est fermé. Afficher une telle gravure a donc pour but de signifier aux clients que l’établissement ne fait pas crédit.

La  représentation,  se sert du vin pour signifier la France, révélant (et contribuant à affirmer) la place de la boisson dans l'imaginaire national.

De manière plus diffuse, l'Horloge de crédit fait  du vin non plus l'unique, mais l'un des symboles de la Nation (avec le coq, les trois couleurs et le clocher). Les hommes réunis ici constituent une réelle « Assemblée Nationale  » : ils représentent les divers « peuples  » de France, qui se fondent dans l'unité, à la fois figurée et réalisée par la réunion autour du vin. Là encore, la boisson agit comme un talisman unificateur, qui reconduit tacitement et au quotidien le serment national : autour vin, on trinque toujours au moins implicitement à la France et, c'est tout un, à l'union des françaisdes peuples (français) qui définit justement le pays comme une Nation. -  

Finalement peu d'évolutions sont à constater depuis cette période.

http://www.histoire-image.org

Publicité
Publicité
Commentaires
OENOVINO
  • Amateur de vin, je participe à un petit groupe qui se réunit tous les mois autour d'un sommelier pour déguster selon un thème et autour d'un bon repas, des vins de France et du monde. .Voici nos dégustations et mes coups de cœur à boire avec modération.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Newsletter
OENOVINO
Archives
Visiteurs
Depuis la création 11 486
Publicité